Patrimoine historique

PISIEU SUR LE CHEMIN DE COMPOSTELLE…

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C’est dans la première moitié du IXe siècle qu’un ermite, Pélage, découvrait aux confins du monde connu la tombe de l’Apôtre Jacques. Cette découverte fut le début d’un immense mouvement de foule en pèlerinage pendant plus de mille ans. Puis cette tradition s’est endormie. La pratique du pèlerinage à pied, qui en réalité n’avait jamais totalement disparu, s’est à nouveau consolidée ces dernières années avec une incroyable rapidité. La région Rhône-Alpes est un passage obligé pour les pèlerins venant du fond de l’Europe. Les chemins de Compostelle sont qualifiés en 1997 de « Premier itinéraire Culturel Européen » par le conseil de l’Europe, et classés en 1998 au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO. Les chemins de Compostelle en Isère sont mentionnés sur la carte IGN série verte n°51. Ce balisage (et l’entretien) est entièrement fait par des bénévoles de l’association, tous anciens pèlerins, c’est pourquoi il est demandé de bien le respecter. En 2001, 175 000 pèlerins à pieds venant du monde entier, sont arrivés à St Jacques de Compostelle. C’est le deuxième pèlerinage du monde Chrétien. En 2002, on a vu passer près de 2000 pèlerins venant principalement de Suisse, Allemagne, Autriche et Italie. En traversant Genève, les 2 Savoie, l’Isère, ils sont passés par Aoste, Romagieu, Les Abrets, Valencogne, Le Pin, Le Grand Lemps, Bevenais, La Frette, St Hilaire de La Côte, Faramans, Pommier de Beaurepaire, Pisieu, Revel-Tourdan, La Chapelle de Surieu, Assieu, Clonas Chavanay. Il faut savoir que la distance entre Genève et St Jacques de Compostelle est de 1950 kms.

« LE SECOURS MUTUEL »

Historique

Les sociétés de secours mutuel préfigurent les mutuelles de prévoyance d’aujourd’hui. Elles sont également à l’origine du développement de l’économie sociale en France. En effet, dès 1806, la Société Philanthropique, fondée par des membres de la noblesse libérale en 1780, déclare son intention : “Il s’agit d’engager les ouvriers à se réunir pour s’assurer mutuellement des ressources en cas de maladie, ou lorsque les infirmités de la vieillesse les mettraient dans l’impossibilité de continuer leurs travaux. La formule mutualiste est alors donnée comme l’alternative à l’assistance”. Les sociétés de secours mutuel vont se développer en marge de toute légalité, puisque leur constitution s’oppose à la loi Le Chapelier. Elles seront légalisées par le décret du 22 mars 1852, qui octroie de nombreux avantages aux sociétés qui reçoivent l’approbation de l’Etat et acceptent son contrôle. C’est finalement la loi du 1er avril 1898 qui permet l’essor de la mutualité en réduisant le contrôle étatique et en favorisant leur développement.

Le Secours Mutuel de Pisieu « La Butineuse »

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La Société de secours mutuel de Pisieu, créée le 2 septembre 1896 avait pour but :
• de donner les soins du médecin et les médicaments aux membres participants malades,
• de leur payer une indemnité pendant la durée de leur maladie,
• de pourvoir à leurs frais funéraires.

La Société était composée de membres participants et de membres honoraires.

Les membres honoraires Ceux qui par leurs souscriptions contribuaient à la prospérité de l’association. Ils pouvaient habiter en dehors de la commune et il n’y avait pas de limite d’âge pour en faire partie. Leur participation pouvait aller jusqu’à 5 francs par an.

Les membres participants Ceux qui bénéficiaient des avantages assurés par l’association. Pour être admis, il fallait avoir entre 16 et 45 ans, être en bonne santé et habiter Pisieu depuis 6 mois au moins. Les participants s’acquittaient d’une cotisation de 0,5 franc et d’un droit d’entrée, variable suivant l’âge :
• 2 francs pour les 16-25 ans
• 4 francs pour les 25-35 ans
• 6 francs pour les 35-45 ans

Vie de la société

A sa création en 1896, le Secours Mutuel de Pisieu était composé de 24 membres. On constate une augmentation continue jusqu’à 53 membres en 1942. En 1957 il y avait encore 43 membres puis une chute s’amorce à partir de 1959 pour finir à 8 membres en 1987.

Lors du décès d’un membre participant ou honoraire la Société entière assistait à ses funérailles. Les membres participants se réunissaient chez leur chef de section respectif et se rendaient au domicile du défunt où le cortège se formait par ordre de Section.

En 1897, on comptait 5 sections :
• Les Rivaux : Félicien Séglat
• Jaillières-Olivières : Joseph Chorier
• Rouclavard : Pierre Girard
• Gambaloup : Ennemond Cherpa
• Chavagneux : Jean Durieux

En 1901, la Société s’est dotée d’une bannière qui servait pour chaque manifestation et enterrement. Cette bannière est ornée d’une ruche, de deux mains entrelacées et de vigne. A cette époque on cultivait de la vigne sur les coteaux de Pisieu et de nombreuses familles élevaient quelques ruches pour leur consommation personnelle. Mais il est intéressant de noter qu’au-delà des symboles religieux et de pouvoir qu’on leur connait, la vigne est symbole de connaissance et l’abeille d’intelligence et de travail.

La Société avait institué un système d’amendes pour les absences non justifiées, aussi bien pour les enterrements que pour les assemblées générales, ainsi que pour les retards de paiement des cotisations. Les statuts étaient directifs et très sévères. En 1905, M. Séraphin Cortès est exempté de sa cotisation mais « en sa qualité de Tambour, il devra assister à toutes les funérailles des Honoraires ou Participants ».

Philippe Durieux restera secrétaire de 1929 à 1987, fin des activités de la Société, soit 58 ans sans interruption.

Les caisses de Sécurité Sociale étant devenues obligatoires, la Société vivote une quinzaine d’années pour finalement être dissoute le 21 janvier 1990, son but d’assistance n’ayant plus lieu d’être.

Le premier bureau

Président : Honoré Buzat
Vice-Président : Auguste Girard
Trésorier : Benoit Carcel
Secrétaire : Jean dit Hippolyte Carcel

Les Présidents successifs

Honoré Buzat 1896-1920 soit 24 ans
Louis Blain 1920-1925 soit 5 ans
Léon Carcel 1925-1927 soit 2 ans
Marius Durieux 1927-1956 soit 29 ans
Marius Chorier 1956-1987 soit 31 ans

LEGENDE DE LA « CROISEE GIRAUD »

Un crime d’une grande violence a été commis à la croisée du chemin allant de Revel à la Côte-Saint-André en mai 1799. Seul un procès-verbal a été dressé constatant les faits et autorisant l’inhumation de Mr GIRAUD Charles, âgé de quarante ans et habitant Revel. La légende raconte qu’à cette croisée de chemin, un nommé Giraud qui courtisait la femme d’un berger aurait été assassiné par ce dernier. A l’endroit où la tête de Giraud aurait été écrasée à coup de galets (en réalité un gros bâton) la forme de la tête est restée imprimée en creux, et il n’y a pas d’herbe dans un rayon d’environ 50 centimètres. Aujourd’hui encore, les passants et promeneurs informés de cette légende, ôtent le galet posé dans le creux ou l’y remettent s’il en est enlevé. croisee-giraud

LA LEGENDE DU « BUTOR ETOILE »

Pour la petite histoire : un article du Dauphiné Libéré de mars 1964 L’étang de Pisieu (Isère) a son « serpent de mer » ! Il mugit la nuit et des centaines de personnes sont venues déjà l’écouter « Dans la longue plaine des « communaux » qui s’étend de Revel-Tourdan à Beaurepaire, le village de Pisieu est planté sur la colline comme un château de carte postale, il se reflète dans un étang. Jusqu’ici, l’étang de Pisieu était le paradis des pêcheurs et des chasseurs. Mais depuis un mois, la peur plane sur les eaux dormantes, et dans la région on n’hésite plus à parler du « monstre de Pisieu ». L’histoire commença par un cri inquiétant qui, chaque nuit, réveillait le voisinage. Au début, personne ne put situer exactement l’endroit, mais peu à peu on s’aperçut que cette espèce de beuglement de taureau en colère venait de l’étang. Les Pisillards se concertèrent ; les plus courageux se hasardèrent sur les berges, fusil en main et ne virent pas le moindre fantôme, ni la plus petite trace de monstre. Et pourtant, chaque soir, et plusieurs fois dans la nuit, le triple ou quadruple cri retentissait. Le bouche à oreille fonctionne bien dans nos campagnes, et rapidement la légende du serpent de mer de l’étang de Pisieu se propagea. Chacun rapporta sa petite anecdote ; un témoin assurait avoir vu des vagues comme si un être voulait soudain sortir de la vase. Un autre racontait, dans un bal, qu’il avait aperçu des yeux briller à la surface. Du coup, des danseurs quittèrent provisoirement le bal dans l’espoir d’assister en frissonnant à l’apparition de l’animal fabuleux ! Le jour de Pâques, plus de deux cents personnes défilèrent près de l’étang ; et mercredi, alors que la nuit était tombée depuis longtemps, on dénombra vingt-quatre voitures. Ce soir-là encore, le mugissement assourdi perça la surface de l’onde calme. Quel fut le premier Pisillard à parler de Butor ? Personne ne put nous renseigner. Mais dans le village on a sorti les « Larousse » et chacun croit avoir trouvé la solution puisqu’on peut lire : Butor : « échassier nocturne farouche qui vit dans les marais. Le mâle donne de la voix en mettant la tête dans l’eau et produit un mugissement pareil à celui du taureau ». Mais, Mr Monnet, épicier et grand chasseur est cependant septique : « j’ai déjà tué deux butors dans la région, et ils ne faisaient pas ce bruit-là ; et puis la bête se déplace puisqu’on la repère d’un côté ou de l’autre de l’étang dans les roseaux. D’ailleurs, avec les pierres que les gosses ont lancées, un oiseau se serait envolé ». Même son de cloche chez Mr Emptoz, propriétaire de l’étang et boulanger à Beaurepaire : « Avec le siège que nous avons mené mercredi après-midi, un oiseau aurait manifesté sa présence ». Le mystère reste donc entier, d’autant que depuis hier le monstre s’est tu. Est-il mort ? Est-il parti ? Bien sûr, on pourrait vider l’étang, mais il contient deux tonnes et demie de poissons et les pêcheurs attendent impatiemment l’ouverture. » butor-etoile